Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/189

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d’un pied lourd comme un bloc de granit le corps de l’Apache. Enlever ensuite la dalle de pierre et la laisser retomber sur le sauvage, fut pour Bois-Rosé l’affaire d’un instant ; il s’avança vers le second.

Pepe avait attaqué son adversaire d’une façon différente, il s’était jeté à plein corps sur lui, et son bras : armé d’un poignard, fouilla pendant une seconde sous la pierre ; puis, s’élançant d’un bond, l’Espagnol vint se joindre à Bois-Rosé.

Deux cadavres, l’un écrasé par la pierre, l’autre égorgé par le couteau, tel avait été le résultat de cette brusque attaque ; mais deux autres Indiens pleins de vie s’étaient redressés sur leurs pieds, surpris, épouvantés, incertains s’ils devaient fuir ou combattre.

« Écrasez le reptile avant qu’il siffle, s’écria Bois-Rosé au moment où l’un des Indiens, en poussant un hurlement d’alarme, se reculait pour faire usage d’un arc qu’il tenait en main, tandis que l’autre s’élançait en hurlant aussi sur Pepe. Les deux ennemis se choquèrent avec force, mais non avec un égal succès. »

L’Indien, renversé par le choc, mesura rudement la terre, Pepe se précipita sur lui. À peine l’Apache eut-il la force de se débattre une seconde, il resta immobile.

Pendant ce temps Bois-Rosé se baissait pour éviter la flèche, qui passa en sifflant à quelques lignes au-dessus de lui ; et quand il se releva, l’Indien était loin ; mais, comme il l’avait craint, le serpent avait sifflé ; ses hurlements retentirent dans la plaine.

« Vite, vite Pepe, à la pyramide ! » cria Bois-Rosé. Et tous deux en reprirent la direction en courant.

Fabian était resté seul pendant dix minutes à peine, tant les deux chasseurs avaient exécuté rapidement leur expédition.

Au moment où, se cramponnant aux buissons, ils gravissaient, presque hors d’haleine, les flancs escarpés de