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la colline, le morne silence qui régnait au sommet les épouvanta.

« Fabian ! Fabian ! cria le Canadien éperdu, tandis que ses jarrets nerveux semblaient se dérober sous lui, tant son angoisse était poignante. Fabian, mon fils, » cria de nouveau Bois-Rosé.

Le vent d’orage qui grondait avec fureur dans les branches des sapins de la plate-forme, répondit seul à ce douloureux appel.



CHAPITRE XIV

LA VOIX DE RAMA.


Au moment où Fabian surveillait d’un œil attentif le moindre mouvement de ses compagnons, le dernier Indien désigné par le sort pour essuyer le feu des assiégés se glissait avec précaution le long de l’enceinte du val d’Or.

C’était Soupir-du-Vent. Les instructions qu’il avait reçues du métis étaient formelles. Comme la défiance des trois chasseurs devait être éveillée, l’Indien, afin de ne pas éventer le stratagème qui avait jusqu’alors si bien réussi, avait ordre de sembler redoubler de prudence pour gagner le pied de la pyramide. Dans sa route, à l’abri de la ceinture de saules et de cotonniers, Soupir-du-Vent ne devait cependant pas dépasser une certaine limite ; il devait s’arrêter à l’endroit où l’un des chasseurs ne pourrait plus l’atteindre qu’en allongeant ses bras ou sa tête hors des créneaux.

Sang-Mêlé commençait à compter ses morts avec une certaine inquiétude ; sans y comprendre Baraja et les trois Indiens que Pepe et le Canadien venaient de met-