Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/215

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peaux sanglantes empêcheront les chevaux sauvages de s’approcher de leur abreuvoir ; double raison pour ne pas nous arrêter ici plus longtemps.

– Nous n’avons rien à faire jusqu’au coucher du soleil, répondit Encinas. Restons ici.

– Oh ! vous ne nous gênez pas, » s’écria le plus jeune des vaqueros de l’hacienda, dont l’interruption de Pascual ne paraissait pas faire le compte.

C’était un jeune homme natif du préside, et que son père envoyait faire le rude apprentissage de la vie d’aventures avec ses anciens compagnons. Il n’y avait que quelques semaines qu’il s’était réuni à ceux qui devaient lui servir de maîtres, et comme tous les novices dans quelque profession que ce soit, il était avide d’entendre les récits de ses anciens dans le métier dangereux qu’il avait embrassé.

« Seigneur Encinas, dit-il en s’approchant des deux chasseurs avec l’espoir d’apprendre, en leur faisant des questions, les incidents de la dernière campagne où Encinas avait manqué de perdre la vie, je n’aime pas à entendre votre chien hurler ainsi… je… »

Un nouveau hurlement du dogue interrompit à son tour le novice, qui demanda, non sans quelque appréhension, si Oso n’éventait pas par hasard l’odeur des Indiens pour donner ainsi de la voix.

« Non, mon garçon, répondit Encinas ; c’est son chagrin qu’il exhale à sa façon. Si c’était quelque Indien qui rodât par ici, vous verriez son poil se hérisser, ses yeux devenir rouges comme des charbons, et il ne resterait plus calme et immobile comme il est là. Ainsi, soyez tranquille.

– Bon, dit le jeune homme en s’étendant sur l’herbe à côté d’Encinas, je n’ai plus qu’une question à vous faire. N’avez-vous rien appris, dans vos courses au delà de Tubac, sur le sort de l’expédition qui en est partie il y a quinze jours aujourd’hui ? Il y avait là un de mes