Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/216

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oncles, don Manuel Baraja, dont nous sommes inquiets.

– D’après le peu de mots que j’ai entendu dire à trois chasseurs de castors qui suivaient l’expédition de près, je dois croire que les traces d’un nombreux parti d’Indiens, que Pascual et moi avons reconnues en nous séparant des trois chasseurs qui allaient prendre position dans une petite île, ne présageaient rien de bon à cette expédition. Je crains bien que vous ne puissiez dire un de ces jours : feu mon oncle.

– Ah ! vous croyez qu’il serait… feu ?… répondit le novice avec le plus naïf et le plus parfait sang-froid.

–Ce fut peu de temps après, reprit Encinas, que le jeune Comanche… »

Le novice interrompit encore le chasseur de bisons :

« Savez vous, dit-il, seigneur Encinas ? vous feriez bien mieux de me raconter une bonne fois tout cela par le commencement plutôt que par la fin. Qu’alliez-vous donc faire dans le pays des sauvages ?

– Ce que j’y allais faire ? répondit Encinas, qui ne demandait pas mieux, comme tous les vétérans du désert, que de trouver un auditeur attentif et questionneur comme le novice, et comme nous l’avons été nous-mêmes tant de fois à l’occasion ; je vais vous le dire. Il était venu au préside, pendant que j’y étais, un envoyé des Comanches, qui sont, comme vous le savez, les ennemis mortels des Apaches. L’Indien venait nous proposer de la part du chef de la tribu un marché de peaux de cibolos (bisons), en échange de verroteries, de couteaux et de couvertures de laine ; il y avait justement à Tubac un viandante (commerçant nomade) d’Arispe, qui avait apporté une pacotille des objets que l’Indien cherchait. Il se disposa à se mettre en route pour conclure le marché.

– Et il vous proposa de l’accompagner ?

– En m’intéressant dans ses bénéfices. Puis, d’un autre côté, il y avait don Mariano, mon compère, à qui