Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/217

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les Indiens avaient enlevé un troupeau de superbes chevaux, et qui emmenait neuf de ses vaqueros pour essayer de rattraper, avec l’aide des Comanches, une portion de ce qu’on lui avait volé. Tout compte fait, nous étions douze hommes bien déterminés, sans y comprendre le messager venu au préside de la part de sa peuplade.

– Treize ! interrompit l’apprenti chasseur ; c’était un mauvais nombre.

– Nous n’avions que huit ou dix lieues à faire pour arriver au campement des Comanches, continua Encinas, et nous n’étions guère inquiets ; ce ne fut que plus tard que je me rappelai ce nombre fatal. Nous cheminions donc tranquillement, en escortant les mules de charge du viandante ; le Comanche marchait en avant…

– Eh bien, interrompit de nouveau le novice, malgré sa curiosité d’entendre la suite de ce récit, il avait aussi de la confiance à revendre, ce négociant, de se hasarder avec ses marchandises sur la foi d’un Indien.

– Vous aimez, à ce qu’il paraît, qu’on mette les points sur les i, mon garçon. J’oubliais de vous dire que le chef comanche avait envoyé deux de ses guerriers en otages. Nous étions donc rassurés encore sur ce point ; car les Comanches sont une nation loyale. Le messager lui-même nous inspirait une grande confiance. C’était un jeune guerrier aussi beau que brave, comme vous le verrez tout à l’heure, ennemi acharné des Apaches, quoique Apache de naissance.

– Eh bien, je ne m’y serais pas fié, ma foi.

– Parce que vous ne connaissez pas son histoire. Il paraît qu’un chef de sa tribu lui avait enlevé une jeune femme qu’il aimait…

– Tiens ! ça aime donc aussi ces sauvages ?

– Comme vous et moi, mon garçon, et souvent mieux. Toujours est-il qu’un beau jour il s’était enfui avec sa