Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/221

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boyaient. Puis bientôt je vis cette pyramide se disjoindre, et un guerrier se secouer comme un lion qui a éreinté une foule de loups.

« Au moment où cet homme se vit dégagé, il ne fit qu’un bond en arrière pour recommencer la lutte, et je m’élançai avec lui.

– Ah ça ! interrompit encore le novice, cet Indien, que vous aviez laissé aux prises avec votre dogue, dut vous gêner en cette occasion ?

– Diable ! vous êtes pointilleux, mon ami, reprit le chasseur ; ai-je besoin de vous dire que je l’avais achevé tout d’abord ? Je m’élançai donc avec le guerrier, mais cette fois la lutte ne fut pas longue ; tous les Indiens s’enfuirent comme une volée de chauves-souris devant un rayon de soleil, excepté les morts, bien entendu ; car avec vous il faut préciser les choses. Je puis, du reste, vous assurer qu’il en resta plus qu’il ne s’en sauva. Alors je vis devant moi celui à qui je devais de pouvoir un jour vous conter cette histoire, mon garçon.

– C’était donc le diable ?

– C’était le Comanche qui, l’affaire une fois faite, se tenait immobile devant moi, en essayant toutefois vainement de comprimer l’orgueil indien qui gonflait ses narines et faisait pétiller ses yeux malgré lui. « Main-Rouge et Sang-Mêlé ont fait le coup pour piller les marchandises des blancs avec les Apaches leurs alliés, dit enfin l’Indien.

« Qu’est-ce que cela, Main-Rouge et Sang-Mêlé ? demandai-je au Comanche.

« – Deux pirates du désert, l’un blanc sans mélange et l’autre le fils du blanc et d’une chienne rouge des Prairies de l’Ouest. Ce soir, quand vous aurez dit au préside ce que Rayon-Brûlant (c’est son nom, et bien mérité, ma foi, ajouta Encinas) a fait pour les blancs qui s’étaient confiés à sa parole, il sera sur les traces des pirates avec les deux Comanches qu’il va reprendre.