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ner sur la chasse aux chevaux sauvages, dans le nord-ouest du Mexique, quelques détails inédits que leur nouveauté ne rendra peut-être pas sans intérêt, et qui trouvent tout naturellement leur place dans un récit consacré à faire connaître les mœurs étranges des frontières américaines.

Ces chasses, qui sont l’un des spectacles les plus attrayants et les plus curieux qu’offrent ces contrées lointaines, et dont la description la plus chaleureuse ne pourrait donner une idée complète, ont lieu d’habitude dans les mois de novembre ou de décembre, c’est-à-dire à l’époque où les pluies torrentielles et la fonte des neiges sur les montagnes ont renouvelé les aguages[1], et fait croître dans les plaines et au pied des mosquites une espèce de graminée dont les chevaux sont très-friands.

La ruse, la patience, et cette espèce d’instinct sauvage qu’on peut appeler la science du désert, sont trois qualités indispensables aux chasseurs pour ne pas perdre inutilement leur temps et leurs fatigues. Soixante ou cent hommes déterminés, bien montés, munis en outre de chevaux apprivoisés et d’assez de vivres pour vingt jours ou un mois, se réunissent pour ces sortes d’expéditions, dont le théâtre doit être forcément éloigné des habitations.

Les chasseurs se mettent en route divisés en petites troupes de sept ou huit, et battent pendant dix ou douze jours, s’il le faut, les plaines immenses et les forêts du désert, jusqu’au moment où ils ont reconnu les traces d’une cavallada mestena[2], traces faciles à reconnaître, du reste, aux dégâts que cause dans les forêts le passage de ces animaux.

Une fois assurés de la querencia, c’est ainsi qu’on appelle le terrain d’affection des chevaux, les chasseurs cherchent l’aguage qui doit naturellement exister dans

  1. Dans l’acception mexicaine, abreuvoirs naturels.
  2. Troupe de chevaux sauvages.