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– Et moi, un étourdissement subit m’a empêché de poursuivre ma route, J’y suis fort sujet… à ces étourdissements, » reprit Baraja d’un ton dolent.

Les deux dignes associés convinrent que chacun de son côté avait les plus valables motifs pour ne pas s’éloigner seul du val d’Or, et se jurèrent de nouveau un dévouement à toute épreuve.

Puis Baraja fit part à Oroche de la rencontre singulière qu’il venait de faire.

« Vous voyez, ajouta-t-il, que notre intérêt exige plus que jamais que nous restions unis. Retournons au camp tous les deux ; plus tard vous reviendrez respirer l’air des montagnes.

– Vous n’avez plus d’étourdissement ?

– C’était le chagrin de vous quitter.

– En route ! »

Un nouvel incident retarda le départ des deux coquins.

De l’endroit où ils avaient fait halte en se rejoignant, un étroit sentier, frayé par les chamois, se dirigeait en serpentant sur les hauteurs. Il était facile en le suivant, de passer inaperçu dans les rochers derrière le tombeau de la pyramide, et de reprendre la plaine loin des yeux ou du moins hors de la portée de la carabine de Bois-Rosé et de Pepe.

« Prenons ce sentier, dit Oroche à Baraja. Pourquoi hésiter plus longtemps ? Veuillez me montrer le chemin, et je vous suis.

– Je n’en ferai rien, je me pique de trop de politesse pour cela, par Dieu !

– Oh ! reprit Oroche, entre amis fait-on tant de façons ?

– Mon cheval est craintif, seigneur Oroche, et j’ai la vue basse. D’honneur, vous me rendrez service en passant le premier puisque ce sentier est trop étroit pour contenir deux cavaliers de front.