Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/242

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tude pour une trentaine d’hommes que nous sommes ici ou aux environs. »

Alors il expliqua à l’hacendero le peu qu’il avait appris relativement aux deux pirates du désert. Don Augustin était un homme dont la première jeunesse s’était passée à combattre les Indiens, et son orgueil guerrier n’avait pas cédé devant les années.

« Fussent-ils encore dix, dit-il, qu’il y aurait honte à se préoccuper de pareils coquins, ou à interrompre ses plaisirs pour eux ; d’ailleurs, comme vous le faites observer, nous sommes trop nombreux pour avoir rien à craindre.

– Je m’explique maintenant les aboiements d’Oso, reprit le chasseur de bisons ; il avait senti les ennemis et les amis. Voyez, il n’a rien dit à l’approche de ce jeune et noble guerrier. Vous pouvez vous fier à son instinct. »

Cependant, avant que la nuit se fît tout à fait, Encinas prit sa carabine, siffla son fidèle et vaillant dogue, et s’en fut avec lui battre les environs du lac aux Bisons. Don Augustin, par prudence néanmoins, fit transporter la tente de sa fille et la sienne au milieu de la clairière, parmi les feux allumés pour le campement.

Quand Encinas revint de son excursion, ses compagnons ainsi que les vaqueros avaient presque achevé leur repas.

Il n’avait rien vu qui fût de nature à causer quelque alarme, et son rapport rétablit une sécurité complète parmi les maîtres et les serviteurs.

Tandis que les premiers faisaient un souper froid tiré des cantines de voyage, les autres, groupés autour de leurs foyers, à quelque distance, s’entretenaient à voix basse des événements de la journée. Ce fut près d’eux que le robuste chasseur de bisons alla s’asseoir.

Les feux projetant au loin leurs clartés éblouissantes, qui se répétaient sur la nappe d’eau ; le reflet rougeâtre qu’en recevaient les costumes divers des vaqueros et des