motté entre ses dents le protocole du contrat, il lut tout haut :
« Moyennant ce qui précède, le susdit William Wilson s’engage à préserver sir Frederick Wanderer des dangers du voyage, tels qu’Indiens ennemis, panthères, jaguars, ours de toutes les nuances et de toutes les dimensions, serpents à sonnettes et autres ; alligators, soif, famine, incendies des bois et des savanes, etc., etc., et de tous les périls généralement quelconques qui peuvent menacer les voyageurs dans les déserts de l’Amérique… »
« Vous voyez, dit sir Frederick en arrêtant l’Américain : de tous les périls généralement quelconques des déserts.
– Celui-là est un péril des villes.
– Cent fois plus dangereux dans la solitude. Si vous aviez été au bal une seule fois dans votre vie, vous sauriez que cent femmes découvertes sont infiniment moins à craindre qu’une seule d’entre elles le plus chastement voilée jusqu’aux yeux, au fond d’un bois.
– C’est possible : ça ne me regarde pas. »
Et l’Américain impassible reprit sa promenade silencieuse.
« Alors c’est à moi de me préserver moi-même, dit sir Frederick. Veuillez donc seller les chevaux ; nous allons partir en quête du Coursier-blanc-des-Prairies, et comme il n’entre pas dans nos conditions que vous selliez le mien…
– Je suis votre garde du corps et non votre domestique ; c’est convenu.
– Je le sellerai moi-même. Ah ! je vous prierai de vous souvenir que j’ai besoin ce soir d’un gibier quelconque pour mon souper. »
Les chevaux ne tardèrent pas à être prêts ; et sir Frederick remerciait l’hacendero de son hospitalité, quand Rosarita s’approcha de son père. Alors, comme l’avait