Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pu, le reste de leur vie, citer comme le héros d’une légende fantastique, la nuit dans leurs veillées autour des feux de bivacs, les vaqueros et les chasseurs de bisons l’entourèrent avec empressement. Ce fut à qui l’interrogerait sur ses aventures pendant sa poursuite.

Son récit ne présenta point les particularités remarquables qu’on espérait y trouver. C’était par un accident bien commun qu’une mère branche, qu’il n’avait pu éviter à temps, avait arraché son chapeau de sa tête. Le vaquero ne s’était pas amusé à le ramasser, et il avait continué sa course. Il lui avait été, tout aussi naturellement, impossible, de faire usage de son lazo au milieu de la forêt.

Vingt fois Francisco avait perdu et retrouvé la trace du cheval blanc, et sa poursuite acharnée l’avait conduit si loin que, lorsque enfin l’animal avait fini par disparaître complétement, il avait été forcé d’accorder quelques heures de repos à son propre cheval : le maître et sa monture avaient passé la nuit loin du lac. Quant à sa journée, elle avait été employée à former, avec ses autres compagnons, la ligne de blocus autour des chevaux sauvages, dont la troupe n’était plus éloignée du Lac-aux-Bisons.

Ce récit ne diminua pas le désappointement général. Cependant, comme l’homme ne se décide pas facilement à remplacer le merveilleux par la réalité, il n’en demeura pas moins constant pour les vaqueros que Francisco devait un cierge à son saint patron pour l’avoir préservé des embûches du démon.

« C’est égal, dit le novice, tout prouve là dedans que c’est bien le Coursier-blanc-du Texas.

– Ce vaquero qui tombe dans l’eau et manque au début de se rompre le cou.

– Francisco, un laceur si habile, qui n’a pu le joindre, ajouta un autre.

– Et cet Anglais hérétique, avec les mille piastres