Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/257

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qu’il nous offrait encore, poursuivit Encinas, tout cela n’est pas naturel. »

Cette conviction finit par gagner Francisco lui-même, que ses camarades mirent au courant du récit merveilleux d’Encinas, et le vaquero se signa plusieurs fois, en remerciant le ciel de n’avoir pas succombé au péril qu’il avait couru sans le savoir.

Les nouvelles que le vaquero transmit à don Augustin portaient que, pendant la nuit, le cercle des batteurs des bois s’était resserré ; que le jour avait été employé comme la nuit, et qu’il fallait se tenir prêt. On laissa donc de côté toute conversation pour refaire les préparatifs de la veille.

Les tentes furent de nouveau pliées, et les chevaux écartés du lac. Les vaqueros présents se répartirent entre les troncs des arbres, et les quatre chasseurs de bisons prirent place derrière les pieux de la palissade, prêts à en fermer la barrière aussitôt que la troupe sauvage se serait réfugiée dans le corral.

Le danger d’être foulés aux pieds des chevaux effrayés, le seul, du reste, qu’il y ait à peu près à courir dans cette chasse pittoresque, échut donc aux quatre chasseurs.

Une espèce de pont grossier avait été jeté d’un bord à l’autre du canal qui servait de déversoir au lac, et sous l’arcade de verdure que formaient les branches des arbres, l’hacendero, sa fille et le sénateur purent se placer de manière à ne rien perdre du séduisant spectacle qu’on se promettait.

Quand chacun eut pris son poste, tous attendirent immobiles et silencieux la venue de la caballada. Les cris d’un milan qui planait au-dessus de la clairière avaient interrompu le chant des oiseaux, et le calme le plus complet régnait aux alentours du Lac-aux-Bisons.

Bientôt, au milieu de cette profonde tranquillité des sifflements aigus, comme ceux que font entendre les va-