Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/278

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reprendre de nouveau la direction dans laquelle s’est enfui ce coquin de Sang-Mêlé, qui est plus près qu’il ne le pense d’avoir mon couteau ou le vôtre en pleine poitrine ; car je tiens plus que jamais à me passer cette fantaisie.

– Essayons d’abord de retrouver ici quelque empreinte qui puisse nous expliquer comment Fabian est tombé dans les mains des Indiens, répliqua Bois-Rosé. Tenez, Pepe, vous reconnaissez comme moi cette pierre plate pour une de celles qui nous servaient de rempart là-haut. C’est donc dans une lutte corps à corps qu’elle a été précipitée en bas ; et soit qu’ils fussent debout ou couchés, les deux combattants ont dû rouler avec elle.

– C’est presque certain, et je vais aller voir sur la plate-forme s’il est possible de nous assurer de la position dans laquelle la lutte a eu lieu. Vous concevez que c’est important. Tombant en bas, la tête la première, ce qui est infaillible quand on est debout et que le pied vous manque, don Fabian se serait brisé le crâne ; en roulant couché et enlacé à son ennemi, il en aura été quitte pour quelques contusions. »

Pepe allait grimper le long des flancs de la pyramide quand Bois-Rosé le retint.

« Doucement, lui dit-il ; montons tous deux sans nous accrocher aux buissons, s’il est possible ; j’ai mes idées à cet égard, et examinons-en soigneusement les branches et les tiges. »

Les deux chasseurs commencèrent donc leur ascension en observant avec attention les moindres indices. Ils n’eurent pas besoin de monter au delà de quelques pieds. Comme l’avait espéré Bois-Rosé, l’inspection des buissons leur apprit ce qu’ils désiraient de savoir.

« Voyez-vous, dit le Canadien en montrant deux buissons qui croissaient au même niveau sur le flanc de l’éminence, et à une distance d’environ un mètre l’un de l’autre, ces petites branches brisées sur les deux