Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/286

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Le coureur des bois n’eut pas besoin d’examiner longtemps les traces que lui montrait Pepe.

« Ce n’est pas le pied de Fabian qui a laissé ces derniers vestiges, répondit Bois-Rosé. Ne vous souvient-il pas, il y a quelques jours à peine, des empreintes que nous suivions, lorsque le pauvre enfant, plus ardent que nous, nous précédait sur la piste du dernier chevreuil que nous avons tué ? J’espère en Dieu ; mais rien ne prouve encore que Fabian soit vivant.

– En douteriez-vous donc ? » demanda Gayferos avec intérêt.

Pour la première fois depuis qu’il venait de se joindre à eux, Bois-Rosé jeta sur le gambusino un regard de bienvenue. Il fut frappé de l’altération qu’avaient produite sur lui quarante heures d’abstinence complète et de souffrance.

« Si nous doutons que don Fabian soit vivant ! s’écria Pepe. Oui, certes ! Nous ne l’avons laissé qu’un instant, et nous ne l’avons plus retrouvé. Mais que disiez-vous donc tout à l’heure d’un malheur que vous aviez craint ?

– Hier soir, répondit Gayferos, ne vous voyant pas revenir ainsi que vous me l’aviez promis, le peu de nourriture que vous m’aviez laissé étant épuisé, craignant enfin d’être abandonné sans ressource et sans secours, je résolus de m’aider moi-même. Je suivis un instant vos traces, que j’ai perdues près de ces montagnes. J’errais à l’aventure à la chute du jour, quand, arrivé à un endroit d’où je dominais un large cours d’eau, j’aperçus flotter au-dessous de moi un chapeau de paille, que je reconnus pour avoir appartenu à celui que vous appelez Fabian.

– Où donc ? s’écria Bois-Rosé en poussant un cri de joie. Pepe, mon vieil ami, nous sommes sur la trace des ravisseurs. Ce canot que j’avais signalé… c’était celui de ces hommes, sans doute. Conduisez-nous donc vers cet endroit de la rivière. »