La bosse du bison avait entièrement disparu, et Pepe jetait encore un œil de convoitise sur le filet découpé en lanières, que Bois-Rosé fit presque calciner sur les charbons, afin de pouvoir conserver pour quelques jours encore la chair ainsi desséchée. Cette provision fut mise à part.
« Une heure de sommeil maintenant, dit le Canadien, puis en route ; la mort et les Indiens n’attendent pas. »
Le coureur des bois s’étendit lui-même sur l’herbe, pour donner l’exemple à ses compagnons, et, par un puissant effort de sa volonté, écartant le flot de pensées sinistres qui l’assiégeaient, le géant s’endormit pour rappeler ses forces et l’énergie dont il avait besoin pour secourir son enfant.
Gayferos imita le Canadien ; mais Pepe, avant de se livrer au sommeil, voulait se rendre compte de l’excavation que les loups avaient pratiquée au centre de la petite clairière.
Le carabinier examina de nouveau avec la patience d’un Indien l’endroit où le gazon paraissait si nettement tranché. Plus tranquille cette fois, il se convainquit bien vite que la griffe de quelque animal que ce fût ne pouvait couper ainsi le sol argileux. Puis bientôt il crut distinguer sur la terre une de ces taches luisantes et métalliques semblables à celles que laisse le soc de fer de la charrue sur le flanc des sillons qu’il ouvre.
Alors Pepe tira son couteau. Il en appliqua la lame à plat dans toute sa longueur contre cette coupure, en lui faisant suivre la ligne tracée dans le sol. La lame du couteau glissa bientôt avec facilité comme dans une espèce de rainure, et décrivit ainsi un large cercle. Pepe sentit son cœur battre plus vivement dans sa poitrine. Il devinait une des caches pratiquées dans les déserts, et dans cette cache, sans doute, des trappes à castor, des munitions et des armes.
En disant maintenant, ce qu’on a déjà deviné, qu’un