Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/309

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heureux hasard avait poussé les trois chasseurs vers l’Île-aux-Buffles, où le métis avait enfoui son butin, on conviendra que ce n’était pas d’un stérile espoir qu’était agité le cœur de l’Espagnol.

Pepe n’eut plus besoin que d’un simple effort pour soulever et retirer la plaque de gazon qui masquait un trésor qui allait être plus précieux mille fois pour les voyageurs désarmés, que l’or inutile qu’ils avaient naguère dédaigné.

À l’aide de ses ongles et de son couteau, Pepe fouilla le sol avec une ardeur convulsive. Qu’allait-il trouver au fond de cette cache ? Des marchandises dont il ne saurait que faire, ou bien des armes qui rendraient aux trois voyageurs leur force et leur énergie brisées, et à Fabian la vie et la liberté ?

Après s’être un instant arrêté, dominé par une terrible incertitude, Pepe reprit sa tâche. Bientôt, sous la terre encore molle, il sentit le cuir épais qui enveloppait les objets cachés. Il jeta le cuir loin de lui ; un rayon de soleil plongea jusqu’au fond de la cachette, devant les yeux éblouis de l’Espagnol, car il n’avait vu qu’une chose parmi les objets entassés pêle-mêle : des armes à feu de toutes les dimensions, des cornes attachées aux carabines, et laissant deviner à travers leur transparence la poudre grenue et luisante dont elles étaient remplies. Pour la première fois depuis bien longtemps, Pepe s’agenouilla, récita une oraison fervente, et courut comme un fou vers Bois-Rosé.

Le Canadien dormait de ce léger sommeil du soldat près de l’ennemi.

« Qu’est-ce, Pepe ? s’écria-t-il, réveillé par le bruit des pas de son compagnon.

– Venez, Bois-Rosé, reprit joyeusement Pepe ; venez, Gayferos, » cria-t-il en poussant du pied le gambusino endormi.

Puis il reprit sa course vers la cache, suivi de ses