Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/310

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deux compagnons, qui l’interrogeaient vainement.

« Des armes ! des armes à choisir ! s’écria l’Espagnol ; tenez ! tenez ! tenez ! »

Et à chaque parole, Pepe, courbé sur le sol, plongeait son bras dans l’ouverture béante, et jetait une carabine aux pieds de Bois-Rosé stupéfait.

« Remercions Dieu, Pepe, s’écria Bois-Rosé ; il nous rend la force qu’il avait enlevée à nos bras. »

Chacun des trois chasseurs choisit l’arme qui lui convenait. Bois-Rosé en prit une quatrième pour Fabian : car cette trouvaille inespérée, après la capture du bison si providentiellement poussé vers eux, avait ouvert de nouveau son cœur à l’espérance.

« Remettons le reste en place, Pepe, dit le Canadien ; n’enlevons pas au propriétaire de ces armes et de ces marchandises les ressources précieuses qu’il a cachées ici : ce serait être ingrat envers le ciel. »

Les trois chasseurs eurent bientôt comblé la cache et dissimulé, autant qu’il était possible, son existence à tous les yeux, sans se douter qu’ils prenaient si généreusement les intérêts de leurs mortels ennemis.

« En route, maintenant, continua le Canadien ; en route de jour comme la nuit, n’est-ce pas, Pepe ?

– Oui ; car, à présent, il y a trois guerriers sur la trace des bandits, s’écria le carabinier, et don Fabian… »

Un spectacle inattendu fit expirer la parole sur ses lèvres ; une terrible réalité menaçait encore une fois de dissiper les rêves des deux chasseurs, ou du moins d’ajourner l’exécution de leurs projets. Bois-Rosé et Gayferos venaient de voir la cause de l’interruption soudaine de Pepe.

Au bord du fleuve, un guerrier indien, soigneusement peint comme pour un jour de bataille, semblait examiner avec attention les restes du bison abandonnés sur la rive. Quoiqu’il fût impossible qu’il n’eût pas aperçu