Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/318

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s’était laissé surprendre. Il avait passé une demi-journée avec le métis et son père, et, au moment où il croyait toucher à sa dernière heure, Sang-Mêlé l’avait envoyé vers Rayon-Brûlant, porteur de paroles de paix et d’amitié pour le jeune chef, et chargé de lui faire savoir en outre qu’il serait le bienvenu dans son camp ; ce que celui-ci toutefois se garda bien de croire, et avec raison, si on n’a pas oublié les intentions du métis à son égard.

C’était par le rapport de ce dernier éclaireur que le guerrier comanche avait appris les noms donnés par les Indiens aux chasseurs blancs, et il les avait reconnus dans l’Île-aux-Buffles à la description qui en avait été faite à ce même éclaireur.

« Rayon-Brûlant, ajouta l’Indien en terminant son récit, a soif du sang de ses ennemis pour laver son honneur, et il veut leur arracher leur chevelure pour en orner le devant de sa hutte ; il est, de plus, l’ennemi mortel des Apaches, jadis ses frères.

– Nous vous aiderons de tout notre pouvoir, reprit Pepe, qui lisait dans les yeux étincelants du jeune Comanche sa haine implacable pour son ancienne peuplade ; mais mon frère, ajouta-t-il, n’est donc qu’un Comanche par adoption ?

– Rayon-Brûlant, reprit l’Indien, ne se souvient plus qu’il est né Apache, depuis que l’Oiseau-Noir l’a outragé dans ce qu’il avait de plus cher. »

Cette nouvelle communauté de haine pour le chef indien resserra plus étroitement encore les liens d’amitié qui venaient de se former entre le jeune Comanche et les deux chasseurs. Ces derniers, d’après son avis, résolurent de profiter de quelques instants du jour près de finir pour quitter l’île et se mettre en marche vers le but où ils tendaient tous.

« Vos guerriers sont-ils loin d’ici ? demanda Bois-Rosé à l’Indien.

– L’un d’eux garde mon canot à la pointe de l’île-