Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/319

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aux-Buffles ; les autres sont disséminés sur la rive gauche de la Rivière-Rouge, et Main-Rouge et Sang-Mêlé sont sur la rive opposée. À deux portées de carabine du chemin qu’ils suivaient, l’Aigle et le Moqueur auraient trouvé leurs traces.

– Allons, allons, s’écria Bois-Rosé, nous ne les avons pas retrouvés ; mais en revanche nous nous sommes procuré des armes, des vivres, un allié brave et loyal. Dieu soit loué ! tout est pour le mieux. »

En disant ces mots, le Canadien jeta sa carabine sur une épaule, prit sur l’autre le faisceau d’armes retirées de la cache ; Pepe et Gayferos se chargèrent des vivres et des munitions, et tous trois, pleins d’une ardeur nouvelle, suivirent le jeune Comanche, qui les guida vers la pointe de l’île, où était le guerrier commis à la garde de son canot.

C’était une de ces embarcations en usage parmi les Indiens de cette partie de l’Amérique, et la singularité de sa construction exige que la description en soit faite en quelques mots.

Le canot comanche se composait de deux peaux de buffle grossièrement tannées, cousues ensemble et étendues sur un léger châssis de bois de frêne. Les coutures en étaient rendues imperméables à l’aide d’un mélange durci de suif et de cendre. Cette barque fragile pouvait avoir environ dix pieds de longueur, sur trois et demi de largeur ; la proue et la poupe étaient allongées en pointe, et son ventre rond, ainsi que sa couleur, lui donnaient sur une gigantesque échelle quelque ressemblance avec une de ces casquettes de cuir bouilli dont on se servait jadis en voyage comme de verre portatif.

C’est cependant à l’aide d’embarcations de ce genre que les Indiens entreprennent de longues navigations sur des rivières parsemées de cataractes, de bas-fonds et de rochers ; et, quelque courte que soit la durée de ces fragiles nacelles, on a le droit de s’étonner qu’elles résistent