Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/323

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vous appelez le Lac-aux-Bisons ? demanda Bois-Rosé à Rayon-Brûlant, pour éclaircir ses doutes.

– D’une demi-lieue.

– Et que veut faire Sang-Mêlé au Lac-aux-Bisons, où vous avez trouvé sa trace ? Mon fils le sait-il ?

– Cueillir la Fleur-du-Lac, qui habite une hutte couleur du ciel, dit le jeune Indien avec un regard de feu.

– Je ne vous comprends pas, Rayon-Brûlant.

– La Fleur-du-Lac, reprit le Comanche en essayant de voiler l’éclat de ses prunelles, est une fille des blancs ; elle est blanche elle-même et belle comme la fleur du magnolier, qui s’entr’ouvre le matin et s’épanouit à midi ; elle est plus belle que l’Étoile-du-Soir, qui jusqu’alors avait paru aux yeux d’un guerrier au-dessus de toutes les filles indiennes.

– Et que fait cette jeune fille loin des habitations ? continua Bois-Rosé, à qui rien ne pouvait faire soupçonner que ce fût celle qui occupait une si large place dans le cœur de Fabian.

– Elle accompagne son père et trente-deux chasseurs de chevaux sauvages.

– Trente-deux chasseurs ! Ah ! Pepe, s’écria le Canadien plein de joie, c’est ce que voulait nous dire Pedro Diaz, et c’est là sans doute que nous le retrouverons. Mais alors ce sera une action en règle : soixante Indiens, quarante ou cinquante Indiens et blancs contre eux ! continua le chasseur, le visage animé du feu des batailles. La Fourche-Rouge verra couler bien du sang. Nous sauverons Fabian au milieu de ce tumulte, et nous briserons à coups de crosse le crâne de ces pirates des Prairies.

– Nous les crucifierons, Bois-Rosé, s’écria Pepe en s’abandonnant aux passions féroces qu’excitait en lui sa haine pour Main-Rouge et Sang-Mêlé ; ce couple de démons n’aura pas mérité un sort plus doux. »

Le loyal coureur des bois, qui savait plus aimer que