Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

flots d’écume ; un choc terrible l’ébranla, comme si ses flancs allaient, en se crevant, donner passage à l’eau, puis elle devint immobile.

Le mauvais pas étant franchi sans accident, et Rayon-Brûlant et son compagnon reprirent les avirons et continuèrent leur route.

Les voyageurs ne tardèrent pas, après avoir dépassé le rapide, à sortir de cette passe obscure, qui s’était prolongée presque sans interruption pendant plusieurs lieues, et à gagner un endroit découvert. Là, il devint nécessaire de prendre terre sur la rive pour laisser sécher le canot, qui commençait à faire un peu d’eau.

À l’exception de quelques bouquets de cotonniers qui croissaient sur le bord opposé à celui où ils étaient descendus et avaient transporté leur embarcation, les voyageurs se trouvaient au milieu d’une plaine presque nue.

« L’Aigle et le Moqueur peuvent dormir un instant pendant que nous allumerons le feu, mes guerriers et moi, pour réparer notre canot endommagé, dit Rayon-Brûlant.

– Avec votre permission, mon jeune ami, s’écria Pepe, j’aime mieux commencer par manger, puis dormir après, s’il reste du temps pour le faire. »

Les quatre guerriers comanches eurent bientôt allumé un feu autour duquel les trois chasseurs blancs s’assirent à leurs côtés, et les restes du bison ne fournirent pas aux sept convives un souper moins splendide que le dîner précédent sous les ombrages de l’Île-aux-Buffles.

Quand on eut retourné le canot pour découvrir la voie d’eau, le Comanche s’aperçut que les coutures avaient perdu une partie de leur enduit, et que c’était par là que l’eau pénétrait. À l’aide de la graisse du buffle, mélangée avec les cendres du foyer, les coutures du canot allaient être de nouveau calfatées, quand l’Indien prêta l’oreille à une rumeur lointaine.