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se réjouir, car la Feur-du-Lac sourira en voyant les preuves de son courage. »

Les yeux du jeune Comanche étincelèrent d’une fierté joyeuse que faisait naître dans son cœur le compliment de Bois-Rosé, et surtout l’espérance qu’il y éveillait.

L’Indien poussa une exclamation brève et se remit à ramer : car les Apaches galopant dans la plaine semblaient vouloir, comme l’ours gris, avant eux, couper aux navigateurs le chemin de la rivière.



CHAPITRE XXVI

ENTRE DEUX FEUX.


L’endroit où les Indiens paraissaient se diriger pour attendre le canot au passage était parsemé de bouquets de saules et de frênes, sous lesquels ils devaient trouver l’occasion d’attaquer les navigateurs sans aucun danger pour eux-mêmes. Il était donc important d’atteindre ce poste avant les Apaches, ou, s’ils s’y établissaient les premiers, de ne pas s’engager dans ces dangereux parages.

Les deux Comanches avaient relayé le Canadien et Rayon-Brûlant, qui, la carabine en main, ainsi que Gayferos et Pepe, protégeaient les deux rameurs.

Les Apaches avaient à parcourir un immense demi-cercle sur tous les points duquel ils étaient à peu près tous hors de l’atteinte des balles : le canot n’avait, pour ainsi dire, qu’à franchir une ligne droite, la corde de cet arc.

« Quand je vous dis que ces Indiens paraissent apportés dans les Prairies par les ailes du vent, comme j’ai ouï dire, dans mes voyages sur la côte d’Afrique, que le