Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/346

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et les bords du Rio-Gila jusqu’à ceux de la Rivière-Rouge ?

– Ne leur répondez pas, Pepe, dit le Canadien. Un combat de langue est bon quand on a du temps à perdre comme nous en avions dans l’îlot ; mais ici nous devons agir. Le restant de la bande est sans doute derrière ces bouquets d’arbres. Eh bien, Rayon-Brûlant, votre imagination indienne vous fournit-elle un moyen pour sortir d’ici ?

– Qu’est-il besoin de ruser ? reprit le Comanche ; qu’avons-nous à faire de mieux et de plus simple qu’à emporter le canot sur nos épaules, à deux portées de carabine de cette petite crique ? »

Déjà les trois guerriers du jeune chef, la légère embarcation de peaux de buffles sur leurs épaules, prenaient la direction de la plaine sur la rive gauche, quand l’un d’eux poussa une exclamation gutturale.

Quoique la lune, qui ne devait se lever que dans la dernière heure de la nuit, ne brillât pas encore, les étoiles du ciel et les rayons lumineux de la voie lactée projetaient assez de clarté pour qu’on pût distinguer un autre parti d’Indiens, au nombre de vingt environ. Trois ou quatre étaient à cheval, mais ils réglaient leur marche sur celle de leurs compagnons à pied.

Il n’y avait plus à hésiter.

« La carabine de Rayon-Brûlant, quoique son cœur soit si fort, s’écria Bois-Rosé, n’est pas aussi sûre dans sa main que la mienne et celle de Pepe ; le jeune chef et Gayferos prêteront le secours de leurs bras pour transporter le canot aussi vite que leurs jambes le leur permettront, et, mon compagnon et moi, nous les protégerons tous pendant qu’ils seront désarmés.

– Bon, dit l’Indien, un guerrier n’est pas seulement utile en combattant. »

Après cette courte phrase d’assentiment, le jeune Comanche et Gayferos se conformèrent à l’ordre du Canadien. Ce dernier se mit d’un côté des porteurs, Pepe de