Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/361

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ber sur l’herbe et sur les feuilles sèches du sol.

Marchant quand il reprenait sa marche, s’arrêtant quand il s’arrêtait, les trois chasseurs suivaient silencieusement tous les mouvements de leur guide. Le Canadien surtout considérait avec un plaisir mélancolique ce jeune guerrier dont l’âge et la taille lui rappelaient Fabian, tantôt droit, tantôt courbé sur le sol, et semblant appeler à son aide, pour percer les mystères des bois muets, tour à tour l’instinct de l’animal et la haute intelligence du raisonnement humain.

« Ce jeune garçon sera un jour quelque chef puissant dans sa peuplade, disait Bois-Rosé à Pepe. Voyez, il est sur le chemin sanglant, et cependant rien ne saurait troubler le calme de ses yeux et la lucidité de son jugement. Eh bien, Rayon-Brûlant, continua le Canadien en s’adressant au Comanche, trouvez-vous les traces que vous cherchez ?

– Voyez, répondit Rayon-Brûlant en montrant quelques feuilles sèches brillant aux rayons de la lune, mes guerriers ont passé par ici ; peut-être ne sont-ils plus éloignés de nous. Ce pied a marqué sa trace quand la rosée de la nuit avait déjà ramolli le sol.

– Et qui nous dit que ce soit la trace d’un de vos guerriers ?

– Que l’Aigle se baisse, et il verra qu’il manque le pouce du pied à cette empreinte.

– Il a parbleu raison, dit Pepe en se baissant, et je suis honteux de ne pas l’avoir vu plus tôt. »

D’autres traces, retrouvées après quelques instants, confirmèrent la conjecture du Comanche. Bientôt celui-ci fit faire halte à la petite troupe, et s’éloigna, suivi de ses deux compagnons, en priant les chasseurs blancs de les attendre pendant qu’ils iraient pousser plus loin une dernière reconnaissance.

Les Indiens se dispersèrent bientôt derrière les arbres, marchant avec tant de précaution et de légèreté que pas