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en rechargeant sa carabine ainsi que Pepe, ce qu’ils n’avaient pu faire ni l’un ni l’autre dans la rapidité de leur course ; laissez-moi faire, me voilà. »

Rayon-Brûlant, car il était l’un des guerriers, s’arrêta un instant à la voix de son allié. Ce moment suffit à son adversaire, qui s’écria :

« L’Antilope saurait bondir encore plus loin ! » et, s’élançant aussitôt, il tomba sur Rayon-Brûlant, qu’il étreignit dans ses bras.

Bois-Rosé était prêt à faire feu ; mais, dans cette lutte corps à corps, il était impossible de songer à viser l’Apache, et les trois chasseurs ne purent être que témoins inactifs et palpitants des efforts que faisaient les deux guerriers pour se précipiter dans le fleuve.

La lutte ne fut pas longue : bientôt l’eau s’ouvrit pour recevoir les deux combattants, et soudain se referma sur eux.



CHAPITRE XXVIII

UN NOUVEL AMI ET UN ANCIEN ENNEMI.


La rivière bouillonnait encore au-dessus de l’endroit où les deux lutteurs venaient de disparaître, et les deux chasseurs jetaient autour d’eux des regards étonnés et inquiets, sans pouvoir se rendre compte de la scène terrible qui venait de se passer ; ignorant d’ailleurs s’ils étaient entourés d’ennemis ou d’amis, ils cherchaient à fixer leur incertitude, quand tout à coup, de plusieurs endroits du rivage, ils virent une demi-douzaine de corps noirs plonger presque à la fois dans le fleuve.

L’apparition soudaine de ces guerriers, que les ténèbres avaient jusqu’alors cachés aux yeux de Pepe et du