Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/37

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ne pouvait être tentée que par vous. Dans votre main j’aurais été un instrument puissant ; sans elle je retombe dans mon insuffisance et dans mon obscurité. L’espoir de mon pays s’éteint avec vous. »

Pendant ce temps, Fabian et Bois-Rosé avaient quitté l’endroit où les scènes qui précèdent s’étaient si rapidement passées.

Ils avaient regagné le pied de la pyramide.

C’était là qu’allaient s’ouvrir les assises solennelles où Fabian et le duc de l’Armada allaient jouer les rôles de juge et d’accusé.

Pepe fit un signe à Diaz ; don Estévan le vit et le comprit.

« Ce n’est pas assez de ne pas fuir, dit-il ; il faut aller au-devant de son sort ; le vaincu doit obéir au vainqueur… Venez. »

En achevant de parler, le seigneur espagnol, armé de l’orgueil qui ne le quittait jamais, s’achemina d’un pas ferme vers le val d’Or. Pepe avait rejoint ses deux compagnons.

L’aspect de don Estévan, qui s’approchait sans forfanterie comme sans faiblesse, le front intrépide et calme, arracha un regard d’admiration à ses trois ennemis, si bons connaisseurs en courage.

Puis Fabian se leva pour épargner la moitié du chemin à son noble prisonnier. À quelques pas derrière le gentilhomme espagnol, Diaz marchait la tête baissée, l’esprit rempli de sombres pensées.

Tout dans la conduite des vainqueurs lui disait que cette fois le droit était du côté de la force.

« Seigneur comte de Mediana, vous voyez que je vous connais, dit Fabian en s’arrêtant, la tête nue, à deux pas du noble Espagnol, qui s’était arrêté de son côté, et vous savez, vous, qui je suis. »

Le duc de l’Armada restait droit et immobile sans rendre à son neveu politesse pour politesse.