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feu, l’Américain surveillait le quartier de chevreuil. À l’exception d’un magnifique cheval blanc dont la robe éclatante était souillée de sang, et qui, fortement attaché contre un tronc d’arbre et les jambes entravées, se débattait dans ses liens, ce bivac était, au milieu d’un pays peuplé de dangers, paisible comme le coin du feu d’une ménagère hollandaise.



CHAPITRE XXIX

LE PRISONNIER.


Les voyageurs s’arrêtèrent un instant pour contempler ce tranquille tableau.

« Sir ! s’écria Wilson qui, depuis quelque temps déjà, comme il le disait, avait reconnu dans le canot la tournure et les traits du jeune Comanche qu’il rencontrait pour la seconde fois, nous avons ici un brave guerrier dont la main a déjà serré la vôtre.

– J’y vais, répondit sir Frederick Wanderer sans lever la tête. Et quel est cet ami ? car, grâce à vous, je ne rencontre jamais un ennemi, ce qui en vérité devient monotone.

– Eh ! sir, répliqua l’Américain, ce qui est écrit est écrit ; je ne connais pas autre chose, moi, et après cela, si Votre Seigneurie désire que je la mette en face de quelque bon danger, ce sera l’objet d’une clause additionnelle à notre traité, sans quoi… vous sentez, sir Frederick, je ne saurais, sans encourir le risque d’un procès ou le reproche de ma conscience, condescendre…

– Nous verrons, nous verrons, interrompit l’Anglais en se levant. Ah ! c’est mon jeune Comanche, ajouta sir Frederick avec vivacité ; je suis aise de le revoir. »