Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rayon-Brûlant serra la main de l’Anglais, pendant que le Canadien et Pepe, ainsi que les deux Mexicains, ne regardaient pas sans étonnement le singulier couple de voyageurs que le hasard leur faisait rencontre.

« Y a-t-il longtemps déjà que Votre Seigneurie parcourt les bords de la Rivière-Rouge ? demanda Bois-Rosé en anglais.

— Depuis six ou sept jours, répondit sir Frederick ; j’étais à la poursuite de ce beau coursier blanc que vous voyez là-bas, et je me dispose à dire adieu à ces rives, sur lesquelles on voyage, par ma foi, avec autant de sécurité que sur celles de la Tamise.

– Eh bien, interrompit le carabinier, je diffère entièrement d’avis à ce sujet. Demandez à Bois-Rosé.

– Demandez à Wilson, » reprit sir Frederick.

L’Américain souriait d’un air orgueilleux et se rengorgeait.

« Vous pourriez avoir raison, dit-il à Pepe, et sir Frederick quelque peu tort.

– Pour peu que ce fût agréable à sir Frederick, ajouta Pepe, je me charge de le faire changer d’avis d’ici à ce soir. »

Bois-Rosé interrompit la discussion, qui s’animait, à la joie de Wilson.

« Vous n’avez donc pas rencontré, demanda-t-il à l’Anglais, deux bandits escortés d’une dizaine d’Indiens, et qui emmènent un jeune prisonnier ?

– Des bandits ! Vous m’étonnez, mon ami, répliqua Wanderer ; il n’en existe ici que dans votre imagination. Wilson, avons-nous vu des bandits ? »

Le chasseur yankee cligna de l’œil, et dit :

« Sir Frederick, aux termes de nos conventions, je dois non-seulement vous tirer de tout danger généralement quelconque, du fait du désert s’entend, mais encore vous empêcher d’y tomber. Or, pas plus tard qu’au point du jour…