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« Mon frère, dit-il à l’Indien, est un des guerriers de Rayon-Brûlant ; il est libre, parce que les amis du Comanche sont ceux de Sang-Mêlé. »

Et il congédia le batteur d’estrade en lui disant :

« Sang-Mêlé et ses compagnons passeront la journée près de ce foyer ; allez, et dites au chef comanche qu’il y sera le bienvenu, qu’il y a ici pour lui de la venaison fumante et des cœurs qui s’épanouiront à sa vue. »

L’artificieux métis savait bien que Rayon-Brûlant ne viendrait pas s’asseoir à son foyer ; mais il espérait du moins l’endormir par des paroles trompeuse et le décider à ne plus voir en lui qu’un ami prêt à le servir, sinon à se dévouer pour lui.

Le reste de la journée s’écoula, et Rayon-Brûlant n’eût garde de venir en effet. Le soir, avant le coucher du soleil, le chef des maraudeurs lipanès insista pour que toute la troupe reprit le chemin de la Rivière-Rouge dans son canot de guerre. C’était une pirogue creusée dans le tronc d’un cèdre, longue, mince et à fond plat. Elle pouvait facilement contenir vingts passagers et sa marche rapide devait compenser la longueur des détours du fleuve.

L’offre fut acceptée par les deux pirates du désert, et Fabian les suivit le cœur plus léger, depuis qu’il savait qu’un ennemi de Sang-Mêlé l’avait vu, avait appris son nom, et qu’il retournait vers son chef sans être dupe des paroles de paix du métis. Si, comme il n’en doutait pas, Bois-Rosé et Pepe étaient à sa recherche, peut-être le hasard leur ferait-il rencontrer le guerrier comanche.

Le hasard le servit au delà de ses espérances, et ce fut ainsi que les deux chasseurs apprirent les dernières nouvelles qui le concernaient, et trouvèrent dans Rayon-Brûlant un allié sans lequel ils eussent probablement succombé dans ces dernières escarmouches.

Cependant, malgré la rapidité de sa marche, la pirogue indienne ne franchit pas aussi promptement qu’elle