Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/402

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mier costume que ses mocassins brodés, pareils à ceux que portait le chasseur de bisons resté au bord du lac avec don Augustin. Enfin, ouvrant une petite valise qui contenait divers effets, il en tira des pantalons de toile brune et une veste d’indienne dont il se revêtit, et prit un mouchoir à carreaux bleus et rouges, sous lequel il emprisonna sa longue chevelure flottante. Quand, à l’exception du chapeau mexicain à larges bords, il eut à peu près emprunté le costume d’un blanc, il jeta sa carabine sur son épaule, et se dirigea vers le Lac-aux-Bisons.

C’était le septième jours après son départ de ce même endroit, où don Augustin venait à peine d’arriver lorsqu’il l’avait quitté, et Sang-Mêlé n’ignorait pas que les derniers préparatifs d’une chasse aux chevaux sauvages, ainsi que le temps nécessaire pour dompter par la faim et apprivoiser ceux qu’on venait d’enlever à leurs forêts, demandaient aux chasseurs une dizaine de jours environ.

En se dirigeant vers le lac autour duquel les Mexicains étaient campés, le métis était donc certain de les y trouver encore.

Aussi quand, après avoir traversé la plaine et marché quelques instants dans la forêt, les hennissements de chevaux et le bruit confus de voix humaines frappèrent ses oreilles, Sang-Mêlé n’éprouva-t-il qu’une joie fort vive, sans le moindre mélange d’étonnement.

Alors à sa marche prudente et tortueuse comme celle du chat sauvage il fit succéder une allure plus franche. Sa carabine fut mise en bandoulière sur son épaule, et, peu soucieux de cacher sa venue, le métis avança d’un pas ferme, et en sifflant comme un chasseur désœuvré, vers l’endroit où le bruit se faisait entendre. Cependant, comme personne n’avait signalé son approche, quand il fut arrivé dans une éclaircie du bois qui lui permettait de tout voir sans être vu, il ne put résister au désir d’examiner ce qui se passait sous ses yeux.