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dès ce moment, ne contient plus pour vous ni animosité ni haine. »

Il y avait tant de loyauté dans l’accent avec lequel Fabian prononça ces mots, que le visage de Mediana perdit tout à coup de sa sombre défiance. Un éclair d’espoir s’y laissa voir, car le duc de l’Armada se rappela qu’il était en face de l’héritier que son orgueil avait un instant pleuré. Ce fut d’une voix moins âpre qu’il lui dit :

« De quel crime suis-je donc accusé ?

– Vous allez le savoir, » reprit Fabian.



CHAPITRE III

LA LOI DE LYNCH.


Il existe sur les frontières américaines une loi terrible, non pas précisément par l’article unique dont elle se compose et qui dit : « Œil pour œil, dent pour dent, sang pour sang ; » l’application de cette maxime est visible, pour celui qui observe la marche des choses ici-bas, dans tous les actes de la Providence. « Celui qui frappe par l’épée, périra par l’épée, » dit l’Évangile.

Mais la loi du désert est terrible par l’apparence de légalité imposante dont elle s’environne ou affecte de s’environner.

Cette loi est terrible, non-seulement comme toutes les lois de sang, en ce que ceux qui l’appliquent usurpent un pouvoir qui ne leur est pas dévolu, mais encore en ce que la partie offensée se constitue juge dans sa propre cause et exécute la sentence qu’elle-même a prononcée.