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Telle est la loi de Lynch, c’est ainsi qu’on la nomme.

Au milieu des déserts de l’Amérique, les blancs entre eux, les Indiens contre les blancs, les blancs contre les Indiens, l’appliquent avec une impitoyable rigueur.

Les sociétés civilisées en ont modifié l’application en ne la conservant dans son intégrité que pour la peine capitale ; mais la société barbare du désert continue à mettre en vigueur sans restriction cette loi des premiers âges du monde.

N’est-ce pas le cas de faire remarquer ici que ce point de contact entre la civilisation et la barbarie est une tache pour la première, une similitude affligeante qu’elle doit pour son honneur tenter de faire disparaître ?

La société a établi des lois protectrices pour tous.

L’homme qui se fait justice lui-même chez nous devient, en violant ces lois, justiciable de ceux à qui la société a donné mandat pour juger et punir.

Nous ne doutons pas que plus tard, en se perfectionnant, les sociétés ne comprennent que, quand elles éteignent chez un coupable le flambeau de la vie que nul ne peut rallumer, elles brisent l’œuvre du Créateur et commettent ainsi une infraction sacrilége aux lois suprêmes qui régissent l’univers et que Dieu a établies avant les nôtres.

Un temps viendra, nous nous plaisons à le croire, où les lois n’enlèveront à l’homme coupable d’un délit ou d’un crime que ce qu’elles pourront restituer à son repentir.

Ces lois respecteront la vie qu’elles ne sauraient rendre ; à côté des lois infamantes qui ternissent aujourd’hui l’honneur sans retour, il y aura des lois de réhabilitation qui relèveront l’homme sanctifié par le repentir au rang d’où le châtiment l’aura fait descendre.

On se réjouit plus dans le ciel, dit l’Évangile, du re-