Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/433

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l’espace dégarni d’arbres, ils trouvèrent Encinas qui, inquiet de son chien favori, faisait le tour des massifs pour le rejoindre.

« Laissons-le faire, dit-il ; mon brave Oso est aussi habile que courageux. Vous voyez qu’il se rend compte de la mission dont je l’ai chargé. »

Après s’être remis sur la voie, le dogue s’élança, en aboyant, dans la direction d’un des côtés du bois qui abritait les Indiens, et que les deux chasseurs, en venant, avaient laissé sur leur droite. Arrivés, après un long détour qu’ils durent faire pour éviter de passer sous le feu de l’ennemi, ils ne virent plus le chien d’Encinas. Dans cette partie du bois, la ceinture d’arbres paraissait moins fournie.

Inquiet de l’absence de son chien, Encinas le siffla pendant quelques minutes sans que l’animal lui répondît ; bientôt cependant on l’entendit donner de la voix. Les aboiements qu’il poussait semblaient plutôt annoncer la joie que la présence d’un danger ; et les trois chasseurs, obéissant à son appel, prirent leur course à travers le taillis.

Ils ne tardèrent pas à rencontrer un petit sentier dans toute la longueur duquel les herbes paraissaient si récemment foulées que leurs tiges n’étaient pas encore flétries, quoique écrasées sous les pieds des chevaux, dont l’empreinte était aussi visible que sur un chemin sablé.

C’était au bout de cet étroit et tortueux sentier que la voix d’Oso continuait à retentir. Puis les herbes de vinrent plus rares ; au terrain amolli succéda un sol plus dur. Ici les trois chasseurs s’arrêtèrent à la voix de Bois-Rosé.

« Restez où vous êtes, dit le Canadien. Il est inutile que nous fournissions un triple but aux carabines cachées là derrière. Ah ! Pepe, vous ne vous êtes pas trompé, le chien a éventé la mèche. »