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désir qui les aiguillonnait de faire feu sur des ennemis odieux, mais sans importance dans ces circonstances si graves.

Bois-Rosé prêtait l’oreille avec anxiété à tous les bruits qui parvenaient jusqu’à lui. Il espérait entendre la voix de Fabian ou celle de la fille de l’hacendero, et il comptait, plein d’angoisse, les minutes écoulées depuis le départ d’Encinas, en quête de renfort. C’était un moment effrayant, en effet, que celui qui précédait une attaque désespérée où le sang allait si abondamment couler, et où la vengeance d’ennemis sauvages pouvait s’exercer par représailles sur son enfant prisonnier.

Tout à coup, dans la direction de la digue des castors, occupée par le jeune chef comanche, une détonation suivie de hurlements, puis encore une demi-douzaine de coups de feu ébranlèrent les airs. Un grand mouvement eut lieu dans la clairière, près de l’étang, et, au spectacle qui s’offrit quelques instants après aux yeux du Canadien, il sentit tout son sang se figer dans ses veines.



CHAPITRE XXXIII

RAYON-BRÛLANT.


Pour expliquer la scène qui venait de se passer, et dont Bois-Rosé, dans son embuscade, ne voyait qu’une partie, il est nécessaire de nous transporter un instant au milieu du fort des Indiens.

Il avait fallu toute la haine dont l’Oiseau-Noir était animé contre Rayon-Brûlant pour lui faire braver, malgré sa blessure, la fatigue d’un long voyage de trois jours et les combats sanglants qui avaient décimé sa