Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/449

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Un arbre mort était couché à cet endroit ; les branches desséchées dont il était encore hérissé formaient un rempart épais, derrière lequel se réfugia le métis. Empêché par un groupe de combattants qui s’interposa entre lui et son ennemi, Bois-Rosé ne put lui couper la retraite.

Quant à Pepe, scrupuleux observateur de sa parole, il allait sans hésiter décharger un coup de crosse sur le crâne du vieux renégat ; mais, de sa hache levée, Main-Rouge avait paré le coup et fait voler en éclats la crosse du fusil de l’Espagnol. Le bandit fut un moment indécis s’il se précipiterait sur son adversaire désarmé ; mais, voyant Fabian le couteau à la main à côté de Pepe, il se dirigea en courant vers le tronc d’arbre où venait de se réfugier Sang-Mêlé.

Ce dernier chargeait sa longue carabine sans perdre de vue, derrière son rempart, les mouvements des deux chasseurs. Un éclair de joie brilla dans l’œil du bandit, qui, dans quelques secondes, allait pouvoir choisir sa victime, lorsque Pepe aperçut le tronc couché d’un autre arbre entièrement dégarni de ses branches et le long duquel avaient poussé de hautes herbes. Assez épais pour surpasser de plusieurs pouces le corps d’un homme couché, ce fut le rempart derrière lequel accourut l’Espagnol.

« Vite ici, Bois-Rosé ! » s’écria Pepe.

Le Canadien s’empressa d’obéir à la voix de son ami, et, au moment où il se courbait à côté de lui, le métis, accroupi à l’abri de son arbre, cherchait de l’œil celui qu’il viserait le premier. Fabian s’était jeté à côté de Wilson derrière une des cabanes de castors, et Sang-Mêlé ne vit plus aucun des ennemis du sang desquels il était altéré.

Alors les deux pirates, inaccessibles aux balles, commencèrent contre les vaqueros qui combattaient encore un feu soutenu et meurtrier, sans que l’Américain