Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/450

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ni son pupille, non plus que Fabian, pussent les en empêcher.

« Ces coquins ne doivent ni rester là ni nous échapper cependant, de par tous les diables ! dit Pepe à Bois-Rosé.

– Non certes, et dussé-je y laisser la vie, je veux faire payer à ces brigands les affreuses angoisses qu’ils m’ont causées. »

En disant ces mots, le Canadien rabattit pour la vingtième fois le canon de son arme inutile contre des ennemis que la balle ne pouvait atteindre. Pour la vingtième fois aussi ses regards quittaient le tronc d’arbre qui protégeait les deux pirates pour se tourner pleins d’inquiétude du côté de Fabian. Quoique en sûreté près de Wilson, l’enfant bien-aimé de Bois-Rosé était toujours pour lui un vif sujet d’appréhensions.

« Non, non, murmurait le coureur des bois, tant que ces deux scélérats seront en vie, je ne serai jamais tranquille ; il faut en finir avec eux. »

Deux coups de fusil, tirés par Main-Rouge et Sang-Mêlé, venaient encore d’abattre deux vaqueros.

« Mort et sang ! il faut en finir, Pepe, répéta le Canadien, la fureur peinte dans les yeux. Tenez, voici une manière toute simple d’arriver jusqu’à ces bandits. »

Bois-Rosé, en parlant ainsi, roidit vigoureusement ses bras contre le tronc d’arbre derrière lequel ils étaient couchés, et la masse cylindrique, arrachée au lit que son poids avait creusé dans les herbes, roula d’un pas en avant sur la clairière.

« Hourra ! s’écria Pepe enthousiasmé. Wilson, sir Frederick, Gayferos, si les coquins font un pas pour fuir, tandis que nous allons jusqu’à eux, tuez-les sans pitié comme des bêtes venimeuses ; que vos canons ne cessent de menacer leurs crânes maudits. »

L’Espagnol joignit ses efforts à ceux du Canadien, et les spectateurs purent assister à l’un des duels les plus