Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/463

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un dernier adieu à Rayon-Brûlant, si la fin de ses jours était proche, ou le voir revenir à la vie, au cas que sa blessure ne serait pas mortelle. Ils se mettaient en route, lorsque la voix d’Oso signala l’arrivée d’un étranger, dont le cheval faisait retentir le sol de la forêt du bruit de son galop.

« Qui vive ? s’écria Encinas en faisant résonner sa carabine.

– C’est moi, parbleu ! seigneur Encinas, répondit un cavalier qui se montra couvert d’un manteau de peau de buffle à la mode indienne, et sur lequel le soleil et la lune étaient superbement peints en rayons éclatants d’ocre jaune et de vermillon.

– Ah ! c’est vous, mon garçon ? dit le chasseur de bisons en riant de l’accoutrement du cavalier, qui n’était autre que le novice, amateur des histoires d’Encinas. Et d’où venez-vous, ainsi affublé ?

– Caramba ! seigneur Encinas, j’arrive du fond de la vallée, et je viens de donner une rude chasse aux Indiens, je vous en réponds.

– Et c’est là que vous avez conquis ce manteau ?

– Oui, dit fièrement le novice, et j’aurai à mon tour de fameuses histoires à raconter sur le sanglant combat de la Fourche-Rouge. Tiens, mais où sont donc les autres ?

– Ceux qui ne sont pas morts sont sur la route du préside, où don Augustin vous attend.

– Bon, j’y vais.

– Quoi ! n’avez-vous pas peur de rencontrer des Indiens ?

– Moi ? allons donc, je ne cherche que ça. »

Et là-dessus, l’apprenti vaquero, après avoir pris congé de ses amis, s’enfonça au galop dans les bois avec l’assurance d’un vétéran des déserts, et tout orgueilleux du baptême de feu qu’il avait reçu ce jour-là.

Dans le trajet du Lac-aux-Bisons jusqu’à l’Étang-des-