Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/467

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de toutes sortes, et lui offrir de partager avec lui une existence plus tranquille ? Tel était le grave et solennel sujet que Bois-Rosé et le chasseur espagnol agitaient en conseil secret en l’absence momentanée de Fabian.

« Attendons et voyons ce que voudra faire, de son plein gré, l’enfant lui-même. »

Telle fut la conclusion du coureur des bois, et ce jour-là s’écoula sans que Fabian ait manifesté sa volonté. La raison en était simple : c’est que, déterminé à s’éloigner du pays qui lui rappelait trop vivement Rosarita, il persistait plus que jamais dans la résolution prise en commun au val d’Or, de continuer leur aventureuse carrière de coureurs des bois, et il pensait que rien n’était changé dans cette résolution.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le lendemain de grand matin, comme on venait de transporter Rayon-Brûlant à la pirogue, et que, devant les Indiens prêts à pousser au large, Bois-Rosé et Pepe restaient immobiles sur la rive :

« Eh bien, quoi ! mon père, s’écria Fabian étonné, abandonnons-nous ainsi celui qui a exposé sa vie pour la cause des blancs ? Ne l’accompagnons-nous pas à son village ?

– Est-ce vous qui le voulez, mon enfant ? dit le Canadien.

– Ne le voulez-vous pas aussi ? demanda Fabian.

– Sans doute, mais plus tard…

– Plus tard, ne nous appartient pas. » Puis se penchant à l’oreille de Bois-Rosé, Fabian ajouta : « Je fais cause commune avec ce jeune et noble guerrier ; tous deux nous parlerons de la Fleur-du-Lac. »

Fabian avait entendu Rayon-Brûlant murmurer le nom de la Fleur-du-Lac, et il avait deviné que ce ne pouvait être que Rosarita qu’un autre avait à oublier comme lui.

Tous trois s’assirent dans la pirogue à côté des Indiens.