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Encinas et son compagnon prirent congé d’eux, et suivirent longtemps de l’œil l’embarcation qui fuyait sur la Rivière Rouge.

La silhouette de Fabian, rêveur et assis à la poupe du canot, s’effaça petit à petit ainsi que la gigantesque stature du Canadien ; puis bientôt ce ne fut plus qu’un point à peine visible dans le lointain. Quelques instants plus tard, les vapeurs de la rivière, colorées par un rayon de soleil, cachèrent entièrement aux yeux des chasseurs de bisons les trois aventuriers, qui se livraient encore une fois sans trembler aux caprices des dieux inconnus.

Les deux chasseurs s’éloignèrent alors, abandonnant la clairière aux morts qu’elle recouvrait, et l’étang aux castors qui allaient en reprendre possession.



CHAPITRE XXXV

L’HOMME-AU-MOUCHOIR-ROUGE.


Six mois se sont écoulés depuis que les trois chasseurs, sans avoir daigné se souvenir des trésors du val d’Or, se sont dirigés, en suivant le cours de la Rivière-Rouge, vers les déserts du Texas. La saison des pluies avait succédé à la saison sèche, et l’été revenait avec ses ardeurs brûlantes, sans qu’on sût rien de leur sort non plus que de l’expédition commandée par don Estévan de Arechiza.

Diaz était mort, emportant avec lui dans le tombeau la connaissance du merveilleux vallon, et Gayferos avait suivi ses trois libérateurs. Qu’étaient devenus ces intrépides chasseurs qui avaient été chercher les fatigues, les privations et les dangers, au lieu de rentrer dans la vie civilisée, riches et puissants comme ils auraient pu l’être ?