Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/473

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– Don Estévan Arechiza ! c’est cela même, dit le majordome, et par-dessus le marché généreux comme un joueur qui a fait sauter la banque. Mais j’en reviens à l’expédition : de combien d’hommes se composait-elle au juste ?

– Il en est parti plus de quatre-vingts.

– Plus de cent, dit un autre officieux.

– Vous vous trompez ; le nombre n’était pas tout à fait de cent, interrompit un troisième.

– Cela n’importe que peu pour le service de don Augustin mon maître. L’essentiel est de savoir combien il en est revenu. »

Là-dessus il y eut encore deux avis différents.

« Pas un seul, dit une voix.

– Si, un seul, » reprit une autre.

Le majordome se frotta les mains d’un air satisfait.

« Bon, dit-il ; c’est au moins un de sauvé, si toutefois ce cavalier, qui prétend que tous les chercheurs d’or ne sont pas morts, a raison, comme je l’espère.

– Croyez-vous, dit le dernier qui venait de parler, que l’Homme-au-Mouchoir-Rouge ne soit pas l’un de ceux que nous avons vus partir il y a six mois ? Je le jurerais sur la croix et sur l’Évangile.

– Eh ! non, reprit l’autre ; jamais cet homme n’a mis le pied au préside avant ce jour.

– En tout cas, interrompit un troisième, l’Homme-au-Mouchoir-Rouge a sans doute quelque intérêt à ménager les envoyés de don Augustin Pena, dont il s’est tant de fois enquis. Avec ces cavaliers, l’inconnu sera sans doute plus expansif qu’avec nous.

– Voilà qui est parfait, reprit le majordome.

– Vous saurez donc, et je puis vous le dire sans indiscrétion, que don Augustin Pena, que Dieu conserve ! était l’ami intime du seigneur Arechiza, et qu’il n’en a pas de nouvelles depuis six mois, ce qui serait naturel s’il a été massacré par les Indiens avec les autres. Or,