Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/482

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ros pour dire que l’attaque subite de Bois-Rosé et de sa troupe sur les bords de la Rivière-Rouge, et la fuite précipitée de don Augustin avec sa fille, avaient été telles, que tous deux ignoraient non pas les détails de l’action, mais les noms de ceux qui y avaient pris part. Rosarita, il est vrai, avait aperçu Fabian combattant à côté de Bois-Rosé, mais sans savoir comment s’appelait le chasseur, et sans savoir que Fabian eût été fait prisonnier par les pirates des Prairies. Cependant certaines analogies éveillèrent l’espoir de la jeune fille.

« Continuez, reprit l’hacendero ; mais, dans ce récit qui intéresse vivement un homme que les Indiens tenaient captif lui-même il y a six mois, je cherche vainement les détails relatifs à la mort du pauvre don Estévan.

– Je les ignore, continua Gayferos, et je ne puis que vous répéter les paroles du plus jeune des trois chasseurs, que j’interrogeai un jour à ce sujet :

« Il est mort, me dit-il d’un ton grave. Vous êtes vous-même le dernier débris d’une expédition nombreuse. Quand vous serez de retour chez vous, car, » ajouta-t-il en soupirant, « vous avez peut-être quelqu’un qui compte douloureusement les jours de votre absence, on vous questionnera avec empressement sur le sort de votre chef et des hommes qu’il conduisait. À cela vous répondrez : Les hommes sont morts en combattant ; quant au chef, la justice de Dieu l’avait condamné, et la sentence divine prononcée contre lui a été exécutée dans le désert. Don Estévan Arechiza ne reviendra plus vers ses amis. »

– Pauvre don Estévan ! s’écria l’hacendero.

– Et vous n’avez pu apprendre les noms de ces hommes si charitables, si généreux, si braves ! s’écria Rosarita.

– Pas pour le moment, reprit Gayferos ; seulement, ce qui me parut étrange, c’est que le plus jeune des trois chasseurs m’eût parlé de don Estévan, de Diaz, d’O-