Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/495

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d’hui don Fabian de Mediana. Maintenant, quand seul et blessé il s’est éloigné de l’hacienda, par quelles circonstances a-t-il trouvé ces protecteurs inattendus ? Quelle parenté y a-t-il entre Tiburcio et le duc de l’Armada ? Voilà ce que j’ignore ; mais cet homme qui le sait vous le dira.

– Qu’on aille le chercher à l’instant même, » dit vivement don Augustin, et il appela un serviteur à qui il donna l’ordre.

Don Augustin attendait avec une extrême impatience le retour de Gayferos ; mais on le chercha vainement : il avait disparu.

Nous dirons tout à l’heure le motif de cette disparition. Presque au même instant où l’on venait d’en informer l’hacendero et sa fille, un autre serviteur entrait pour leur annoncer que Tragaduros mettait pied à terre dans la cour de l’hacienda.

La coïncidence du retour du sénateur et de la prochaine arrivée de Fabian était un de ces événements auxquels le hasard, plus souvent qu’on ne pourrait le croire, se plaît à donner lieu dans la vie réelle.

Rosarita, pour s’assurer un allié dans son père, se hâta de l’embrasser tendrement en lui témoignant tout son étonnement d’un miracle qui avait fait du fils adoptif d’un gambusino l’héritier d’une puissante famille d’Espagne. Après avoir décoché comme un Parthe cette double flèche contre le sénateur, la jeune fille s’enfuit de la salle, aussi légère que l’oiseau qui s’envole.

Tragaduros fit son entrée en homme qui sent que l’annonce de sa présence est toujours bien reçue. Sa contenance était celle d’un gendre futur ; il avait la parole du père et le consentement de la fille, bien que ce consentement n’eût été que muet.

Cependant, malgré sa satisfaction de lui-même et sa certitude de l’avenir, le sénateur ne put s’empêcher de