Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/497

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avec lui, échangeait un salut d’un air impatient ; évidemment ce n’était pas celui qu’il cherchait.

La journée s’écoulait, et ce ne fut que vers une heure assez avancée que Gayferos poussa une exclamation de joie à la vue de trois voyageurs qui s’avançaient au trot.

Ces voyageurs n’étaient autres que le Canadien, Pepe et Fabian de Mediana. Le géant était monté sur l’une de ces robustes mules, plus hautes, plus fortes que le plus grand cheval ; et cependant cette monture paraissait à peine en proportion avec la nature du gigantesque cavalier. Fabian et Pepe montaient les deux excellents coursiers qu’ils avaient conquis sur les Indiens.

Le jeune homme était bien changé depuis le jour où il entrait pour la première fois à l’hacienda del Venado.

De douloureux et ineffaçables souvenirs avaient amaigri et fait pâlir ses joues ; quelques rides précoces sillonnaient son front, et dans ses yeux brillait un feu sombre qu’allumait la passion qui dévorait son cœur. Mais, aux yeux d’une femme, sa pâleur, sa maigreur et l’état maladif de son regard devaient faire paraître le jeune comte de Mediana plus intéressant et plus beau.

Ce visage, dont le soleil et la fatigue avaient ennobli les traits, ne devait-il pas rappeler à doña Rosarita un amour dont elle avait droit de se sentir heureuse et fière ? Ne devait il pas raconter énergiquement tant de dangers bravés et s’entourer de la double auréole de la gloire et de la souffrance ?

Quant à la physionomie mâle des chasseurs, le soleil, la fatigue, les dangers de toute espèce ne l’avaient en rien altérée. Si le hâle avait pu brunir leur teint, sept mois de plus d’une vie aventureuse dont ils avaient l’habitude n’avaient pas fatigué leurs traits bronzés.

Ils ne témoignèrent aucune surprise lorsqu’ils aperçurent le gambusino ; mais une avide curiosité se peignit