Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fabian, Bois-Rosé et Pepe coururent saisir leurs carabines ; Cuchillo profita de ce court instant, et s’élançant vers don Antonio, qui, le cou tendu, interrogeait aussi l’immensité de la plaine, il lui plongea à deux reprises son poignard dans la gorge.

Le malheureux Mediana tomba en vomissant des flots de sang.

Un sourire effleura les lèvres de Cuchillo ; don Antonio emportait avec lui le secret du bandit.



CHAPITRE IV

LE JUGEMENT DE DIEU.


Un moment de stupeur suivit ce meurtre si rapidement accompli. Don Antonio ne bougeait plus. Fabian semblait oublier que le bandit n’avait fait que hâter l’exécution de la sentence qu’il avait prononcée lui-même.

« Malheureux ! s’écria-t-il en se précipitant vers Cuchillo, le canon de sa carabine dans la main, comme s’il n’eût daigné se servir que de la crosse contre le bourreau.

– Là, là, dit Cuchillo en se reculant, tandis que Pepe, plus porté à l’indulgence envers le meurtrier de don Antonio, s’interposait entre eux deux, vous êtes vif et emporté comme un poulain sauvage, et prêt à chaque instant à donner de la corne comme un novillo[1]. Les Indiens sont trop occupés ailleurs pour penser à nous. C’est une ruse de guerre, afin de vous rendre plus vite le service signalé que vous m’aviez demandé.

  1. Jeune taureau.