Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/62

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– Ne vous l’ai-je pas dit ?

– Vous êtes fou, s’écrièrent à la fois le carabinier et le chasseur ; le drôle l’aurait tué pour rien.

– Vous êtes un dieu ! s’écria Cuchillo, et vous appréciez mes scrupules à leur juste valeur. Quoi ! tout cet or ?

– Tout, jusqu’à la moindre parcelle, reprit simplement Fabian ; je ne veux rien de commun avec vous, pas même cet or. »

Et il fit un signe à Cuchillo.

Le bandit, au lieu de traverser la haie de cotonniers, s’élança vers les Montagnes-Brumeuses, vers l’endroit où il avait attaché son cheval.

Quelques minutes après Cuchillo revenait, son zarape à la main. Il écarta les branches entrelacées qui fermaient le val d’Or, et disparut bientôt aux yeux de Fabian.

Le soleil, au milieu de sa course, jetait une lumière étincelante et faisait scintiller de mille feux l’or disséminé dans le vallon.

Un frisson parcourut les veines de Cuchillo.

Le cœur palpitant à la vue de cet amas de richesses, il ressemblait au tigre qui tombe dans une bergerie et ne sait quelle victime choisir ; il parcourait d’un œil hagard les trésors dispersés à ses pieds, et peu s’en fallut que, dans un transport insensé de joie, il ne se roulât dans ces flots d’or.

Bientôt cependant, revenu à des pensées plus calmes, il étendit son manteau sur le sable, et, dans l’impossibilité d’emporter toutes les richesses étalées sous ses yeux, il jeta autour de lui un regard observateur.

Cuchillo choisissait de l’œil.

Pendant ce temps, Diaz, qui s’était assis à quelque distance dans la plaine, n’avait perdu presque aucun des détails de cette scène douloureuse.

Il avait vu Cuchillo apparaître subitement, il avait de-