Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/64

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moi, ni personne ne les verra luire ! Ah ! que n’ai-je pu être tué à sa place ! Personne ne songerait que je ne suis plus ; un champion de moins n’eût pas compromis la cause que nous servions tous les deux ; mais la mort du chef la perd à jamais. Ces trésors qu’on dit être entassés ici devaient nous servir à régénérer la Sonora ; car vous ne savez peut-être pas que près de cet endroit…

– Nous le savons, interrompit Fabian.

– Bien, reprit Diaz ; je ne m’occupe plus de cet immense placer ; j’ai toujours préféré la vue d’un Indien tué de mes mains à un sac de poudre d’or. »

Cette communauté de haine pour les Indiens augmenta encore chez Bois-Rosé la sympathie que lui avaient inspirée le désintéressement et le courage de Diaz.

« Nous avons échoué au port, continua Diaz d’un ton empreint d’amertume, tout cela par la faute d’un traître que je veux livrer à votre justice, non parce qu’il nous trompait, mais parce qu’il a brisé l’instrument dont Dieu voulait se servir pour faire de mon pays un puissant royaume.

– Que voulez-vous dire ? s’écria Fabian. Est-ce à dire que Cuchillo…

– Ce traître qui deux fois a tenté de vous assassiner, la première à l’hacienda del Venado, la seconde dans la forêt qui en est voisine, était celui qui nous conduisait vers le val d’Or.

– C’est donc Cuchillo qui vous en avait vendu le secret ? J’en étais presque sûr ; mais vous, en êtes-vous certain ?

– Aussi certain que je le suis de paraître un jour devant Dieu ; le pauvre don Estévan m’a raconté comment l’existence et l’emplacement du trésor étaient venus à la connaissance de Cuchillo ; c’est en assassinant son associé, qui le premier l’avait découvert. Maintenant si vous jugez que l’homme qui a attenté deux fois à votre