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vie mérite un châtiment exemplaire, c’est à vous de le décider. »

En achevant ces mots, Pedro Diaz resserrait les sangles de son cheval et se disposait à partir.

« Encore un mot, s’écria Fabian. Ce cheval gris qui bronche de la jambe droite de devant, y a-t-il longtemps que Cuchillo le possède ?

– Il y a plus de deux ans, à ce que je lui ai entendu dire. »

Cette dernière scène avait échappé au bandit ; l’enceinte des cotonniers était un obstacle suffisant pour lui en dérober la vue : il était d’ailleurs trop absorbé dans la contemplation de ses trésors pour en détourner ses yeux.

Couché sur le sable, il rampait au milieu des innombrables cailloux d’or qu’il renfermait, et avait déjà commencé à entasser sur son zarape tous ceux sur lesquels son choix s’arrêtait, quand Diaz achevait sa terrible révélation.

« Ah ! c’est une effrayante et fatale journée, dit Fabian, aux yeux de qui la dernière partie de cette révélation ne laissait plus de place au doute. Que dois-je faire de cet homme ? Vous deux qui savez ce qu’il a fait de mon père adoptif, Pepe, Bois-Rosé, conseillez-moi, car je suis à bout de force et de résolution ; c’est aussi trop d’émotions en un seul jour !

– Le vil coquin qui a égorgé votre père mériterait-il plus d’égards que le noble gentilhomme qui avait tué votre mère, mon enfant ? répondit résolûment le Canadien.

– Que ce soit votre père adoptif ou tout autre qui ait été sa victime, ce brigand mérite la mort, ajouta Diaz en se mettant en selle, et je l’abandonne à votre justice.

– C’est à regret que je vous vois partir, dit Bois-Rosé à l’aventurier ; un homme qui est comme vous l’ennemi