Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/66

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acharné des Indiens eût été un compagnon dont j’aurais apprécié la société.

– Mon devoir me rappelle au camp, d’où je suis parti sous l’influence de la fâcheuse étoile du malheureux don Estévan, répondit l’aventurier ; mais il est deux choses que je n’oublierai jamais : ce sont les procédés d’ennemis généreux et le serment que j’ai prêté entre vos mains de ne révéler à personne au monde le secret de ces immenses richesses. »

En achevant ces mots, le loyal Diaz s’éloigna rapidement, en réfléchissant aux moyens de concilier son respect pour sa parole et le soin de la sûreté de l’expédition, dont le chef, avant de mourir, avait remis le commandement entre ses mains.

Les trois amis l’eurent bientôt perdu de vue.

Pendant qu’il s’éloignait, un autre cavalier, également invisible pour eux, reprenait, en longeant l’un des bras de la rivière, le chemin du camp mexicain : c’était Baraja.

Celui-là, le cœur plein encore des détestables passions qui lui avaient fait sacrifier son compagnon, et altéré plus que jamais de la soif de l’or, s’était enfin décidé à partager la proie ; et il galopait pour chercher du renfort, bien éloigné de s’attendre à ne trouver au camp que le fer et le feu pour dénoûment.

Le soleil montait et n’éclairait plus dans le vallon que Cuchillo, avidement courbé sur sa moisson d’or, et les trois chasseurs tenant conseil entre eux à son sujet.

Fabian avait écouté en silence l’avis de Bois-Rosé, ainsi que celui donné par Diaz en partant, et il attendait l’avis de l’ancien carabinier.

« Vous avez fait, dit à son tour celui-ci, un vœu dont rien ne peut vous délier ; la femme d’Arellanos l’a reçu à son lit de mort ; vous tenez le meurtrier de son mari en votre puissance ; il n’y a pas à s’en dédire. »

Puis voyant une indécision pleine d’anxiété sur la