Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/81

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« Je vous dis que l’homme ne retournera pas au camp : ce n’est pas son intérêt, reprit Bois-Rosé, et d’ailleurs nous partirons dans quelques heures.

– Et le pauvre diable que nous avons laissé là-bas, attendrons-nous à demain pour l’aller chercher ?

– N’attendrions-nous pas plus longtemps encore, si nous suivions votre ami ? Je réponds que la fièvre l’aura fait dormir toute la journée comme un loir, reprit Bois-Rosé. Il est en sûreté, il y a de l’eau ; nous ne pourrions rien pour lui jusqu’à demain. Mon avis est de le laisser où il est : c’est peut-être dur, ajouta-t-il plus bas ; mais, vous concevez, il doit ignorer, sinon l’existence d’un trésor quelque part, au moins son emplacement exact. Nous le dédommagerons de l’abandon forcé où nous le laissons, en lui donnant quelques-uns de ces cailloux d’or, puis nous… Ah ! voilà l’embarrassant : qu’en ferons-nous ?

– Nous y penserons, continua le Canadien ; mais je présume que, s’il sent quelques livres d’or dans sa poche, il n’aura rien de plus pressé que de nous remercier et de prendre son vol vers les habitations. »

Cette conversation entre les deux chasseurs avait lieu au moment où Fabian était un instant descendu dans la plaine pour réfléchir plus librement.

« Ce qu’il y a de plus clair dans tout ceci, reprit Pepe, c’est que vous êtes de mon avis, mais que don Fabian a dans la tête la dangereuse fantaisie de passer la nuit ici, et que c’est pour vous la loi suprême. »

Le Canadien sourit et ne répondit pas. En ce moment Fabian rejoignait ses deux compagnons au sommet du rocher.

« Je vais à mon tour, dit le carabinier, donner un coup d’œil dans les environs. »

Pepe s’éloigna, sa carabine sur l’épaule. Une demi-heure après il était de retour. Il avait, retrouvé les traces de Baraja et d’Oroche dans les montagnes, et il n’avait