Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/82

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pas jugé à propos de les suivre au delà de quelques centaines de pas. Puis il avait gravi la petite chaîne de rochers à l’abri desquels les deux aventuriers avaient échappé à leurs carabines.

« La cime de ces rochers, ajouta le miquelet en finissant son rapport, et vous pouvez tous deux le voir d’ici, est couverte de buissons si épais que cinq ou six hommes pourraient nous faire bien du mal sur cette plate-forme, et je serais presque d’avis de quitter ce poste et de nous établir dans celui-là. »

Une circonstance de localité empêcha seule le Canadien de partager l’opinion de Pepe : c’est qu’en cas d’un siège à soutenir, la cascade était assez près d’eux pour leur fournir de l’eau à l’aide d’une calebasse au bout d’une branche d’arbre. C’était une ressource précieuse ; car, sous un soleil brûlant, l’eau était presque plus nécessaire que les vivres.

Les trois chasseurs résolurent donc d’un commun accord de rester sur la plate-forme qu’ils occupaient et de se mettre en route vers quatre heures du matin.

Le Canadien n’avait pas oublié l’apparition lointaine du canot mystérieux qui avait frappé ses yeux dans le cours de la matinée. Il ne se dissimulait pas non plus que, selon l’expression de Pepe, c’était une dangereuse fantaisie de Fabian de s’obstiner à passer la nuit dans un endroit dont le secret avait pu se répandre d’une manière ou d’une autre dans le camp des chercheurs d’or. Mais il suffisait au digne Canadien que son enfant en eût si formellement exprimé le désir pour qu’il s’y conformât avec docilité.

À tout prendre, la plate-forme du sépulcre indien était plus élevée que la chaîne des rochers. Deux de ces grandes pierres plates si abondantes dans la plaine, qui se trouvaient près d’eux, furent mises de champ, et ces nouveaux créneaux, joints à ceux que la nature avait formés sur la pyramide tronquée, composèrent bientôt